Fêtons ensemble l’espoir naissant

Il y a deux ans, notre éditorial s'intitulait : « Le dur désir de durer ». Quelle année 2011! Après des décennies de stagnation, les peuples arabes prennent leur destin en mains.

Et « dégagent » leurs dictateurs : comme Ben Ali et Moubarak, Kadhafi, à son tour, est tombé. Et, malgré la répression sauvage d'un Bachar Al-Assad, l'Intifada continue, portée par une jeunesse qui représente les deux tiers de la population et l'avenir de toute une région. Et au-delà : comme l'a dit si justement l'écrivain franco-algérien Aziz Chouraqui, chez nous aussi, en quelques mois, « le nom "Arabe" a changé de sens»…

Comme en écho, un mouvement sans précédent mobilise les Israéliens contre la politique néo-libérale de Benyamin Netanyahou et pour la justice sociale, que seule la paix pourra garantir. Fin août, ils étaient un demi-million à scander « Non aux privatisations, révolution ! » dans les rues des grandes villes du pays - l'équivalent de quatre millions de manifestants en France…

Enfin, soixante-quatre ans après par le plan de partage avorté de l'ONU, l'autre État – arabe - prévu se porte candidat à l'organisation internationale, où déjà plus de 130 pays membres soutiennent sa candidature. Son admission pourrait changer la donne : Israël devrait négocier avec un autre État souverain,  dans le cadre des Nations unies et sur la base de leurs résolutions…

Bref, si le Proche-Orient n'a pas encore, loin de là, solutionné tous ses conflits, il bouge enfin, et dans le bon sens.

C'est dire que cette cinquième édition du Festival biennale Proche-Orient : ce que peut le cinéma tombe à pic. Elle sera à la hauteur des enjeux. Avec l'aide d'Anne Vaugeois, directrice des Trois Luxembourg et de Carol Shyman, j'ai conçu un programme encore plus riche et plus diversifié, en prise avec les bouleversements en cours. Et, chaque soir, personnalités, spécialistes et journalistes animeront les débats mis sur pied par Dominique Vidal et Morgan Canda pour éclairer et compléter les films projetés.

Pour la première fois, l'Égypte sera présente dans notre Festival. Et pour cause ! Il suffit d'ailleurs de voir Zelal, de Marianna Khoury et de feu Mustapha Hasnaoui, une étonnante plongée dans un hôpital psychiatrique du Caire, pour comprendre pourquoi les Égyptiens voulaient en finir avec une société de misère, de répression et de frustrations.

Notre Festival rendra aussi un hommage mérité à deux grands amis disparus : le cinéaste syrien Omar Amiralay, dont les éditions précédentes avaient montré tous les films et qui fut leur invité, et Juliano Mer-Khamis, sauvagement assassiné au Théâtre de la Liberté de Jénine, à la direction duquel il avait succédé à sa mère, l'inoubliable Arna. La journée consacrée à Juliano sera marquée par la première mondiale du film en cours de tournage de Udi Aloni, en la présence de ce derniers et d'étudiants du théâtre.

Car nous avons, plus que jamais, la paix entre Israël et la Palestine au cœur. C'est pourquoi notre Festival s'ouvrira naturellement sur My Land : le cinéaste marocain Nabil Ayouch confronte, dans ce film hors du commun, le témoignage des Palestiniens expulsés en 1948 de trois villages de Galilée et les réactions des Israéliens vivant à côté de leurs vestiges…

En ces temps d'indignation et d'engagement, notre Festival devait inviter le plus jeune d'entre nous, Stéphane Hessel, à dialoguer avec vous, après la projection de deux films qui lui sont consacrés.

Après tant d'années de guerres, de tensions et de mal-développement, un espoir est né. Fêtons-le tous ensemble avec les cinéastes du Proche-Orient, aux Trois Luxembourg, du 30 novembre au 13 décembre !

Janine Halbreich Euvrard
Paris, novembre 2010


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